top of page

Les Débuts

 

Woody Woodrow Wilson GUTHRIE est né le 14 juillet 1912 à Okemah, dans une petite ville de l’Oklahoma. Il est le troisième enfant de Nora et Charley GUTHRIE. Son père arriva dans cette ville après avoir fait plusieurs jobs dont celui de cow boy, vendeur de livres avant de s’orienter vers l’immobilier. Un homme costaud et fort en gueule qui fit de la politique qu’il soit ou non investi par le parti démocrate.

Sa mère, s’installa dans ce territoire indien (creek) au début du XX° siècle et épousa Charley en 1904.

Il y avait dans ce pays environ un tiers de noirs, un tiers d’indiens et un tiers de blancs. Sa mère lui chantait de nombreuses ballades traditionnelles mais elle était atteinte comme Woody plus tard, de la Chorée de Huntington, une maladie de dégénérescence nerveuse incurable.

Dans son enfance le jeune Woody connut plusieurs tragédies avant que jeune homme, il n’assiste à l’internement de sa mère dans un hôpital de Norman, au sud d’Oklahoma city. La maison des GUTHRIE à Okemah brûla peu après sa construction et sa sœur Clara subit le même sort lors d’une dispute avec sa mère, lorsque sa robe pris feu près d’un foyer.

Adolescent il se retrouve plus ou moins à la rue et va de famille en famille avant de partir rejoindre son père à Pampa au Texas qui venait de trouver un job alors qu’on venait de découvrir du pétrole à Okemah.

 

Le contexte historique de ces années là aux Etats Unis

 

Suite à la deuxième guerre mondiale les Etats Unis sont un pays en pleine croissance n’ayant pas subi les destructions de la guerre européenne. C’est l’époque de l’essor industriel (aviation, communication, automobile…) mais aussi des grands conflits sociaux. Pour la première fois le nombre d’américains vivant en ville est plus important que celui des ruraux et l’une des différences majeures de ces années là est bien celle là. Le milieu rural s’appauvrit et est loin de connaître les avantages de la ville (Limelight-Charlie CHAPLIN) notamment en matière de niveau de vie, de logement, et de modernité.

C’est dans ce contexte et avec la récession de 1929 que de nombreux paysans des plaines du centre des Etats Unis vont connaître la misère (les Oakies) et progressivement émigrer à l’Ouest vers le rêve californien.

Roosevelt instaure le New Deal en 1932, des mesures où l’état se montre interventionniste pour essayer d’endiguer la pauvreté grandissante dans le pays.

La sécheresse et les terribles « dustbowls », tempêtes de poussière, détruisirent nombre d’exploitations dans le centre du pays et on estima à 3 millions le nombre de paysans candidats à l’immigration (dont 15% de la population de l’Oklahoma)

​

 

Du Texas à la Californie

 

C’est dans le contexte qui inspira à Steinbeck le roman  « Les raisins de la colère », que Woody GUTHRIE débarque en 1937,en Californie, où l’on n’entrait pas sans montrer que l’on avait de quoi subsister pour quelques temps. (chanson If you ain’t got the Do Re Mi- si tu n’as pas le do re mi qui signifie l’argent).

Il s’est auparavant marié à Pampa avec Mary JENNINGS dont il aura 3 enfants et a apprit là-bas les bases de la guitare, l’harmonica et d’autres instruments en jouant dans un groupe local avec son beau-frère.

C’est l’époque où le chanteur emprunte les trains de marchandises comme voyageur clandestin à l’instar de milliers de ses compatriotes sans ressources, risquant parfois sa vie lorsqu’il tombait sur les milices du rail. On les appelait les « hoboes ». 

Cette culture du train, des espaces est très présente dans ses chansons et plus généralement dans les représentations culturelles, dans la chanson surtout rurale comme les ballades country.

En Californie, grâce à son cousin il rencontre Lefty Lou de son nom d’artiste en fait Maxine CRISSMAN avec qui il fait de la radio de 1937 à 1940 sur la station KFVD.

Il a une émission régulière et il chante désormais, en même temps qu’il anime, certains de ses titres s’adressant aux populations de travailleurs immigrés de l’intérieur survivant dans les jungle camps (camp de fortune à la périphérie de Los Angeles) et attendant tous les matins de se faire embaucher dans les grandes propriétés agricoles californiennes. 

Certaines de ses chansons « Tom Joad », « I ain’t got no home », « hard travellin’ » et plus tard l’album « dustbowl balads » parlent des malheurs de ce peuple en souffrance, sorte d’américains de deuxième classe.

C’est à cette époque qu’il s’engage auprès des syndicats et du parti communiste seule organisation à lutter avec ces travailleurs à l’époque, et non encore diabolisée aux Etats Unis. 

On débattra pour savoir si Woody a eu ou pas sa carte au parti, ce qui aura beaucoup d’influence sur sa reconnaissance tardive après sa mort. Lui disait tout simplement que toute sa vie il avait été dans le rouge même si à l’époque il avala avec d’autres communistes quelques couleuvres, notamment le pacte entre Staline et Hitler en 1939.

En Californie il rencontre aussi un acteur , militant de la gauche américaine, Will GEER qui partit à New York l’invite à venir chanter dans un théâtre de Brooklyn.

​

 

New York

 

A New York, il rencontre de nouveaux compagnons tels Cisco HOUSTON et des chanteurs noirs comme Huddy LEADBETTER, LEADBELLY, un grand nom du blues acoustique découvert dans une prison du sud par l’ethnomusicologue Alan LOMAX qui avait repris l’activité de son père John. La rencontre de LOMAX avec GUTHRIE est très importante pour nombre de raisons. Citons simplement le fait qu’en 1940 LOMAX enregistre GUTHRIE pour la Librairie du Congrés (archives). 

Le chanteur raconte sa vie et chante ses chansons mais aussi les mélodies qu’il avait eu l’habitude d’entendre dans son pays, certaines issues des moments passées avec sa mère Nora, décédée depuis 1937 de la maladie de Huntington. Ces enregistrements sont aujourd’hui disponibles en CD.

Il continue à écrire et à composer de nombreuses chansons dont l’une des plus célèbres, entrepatriotisme et protest song, « This land is your land », reprise par Pete SEEGER àl’investiture d’Obama en 2007.

Il devient peu à peu le chantre d’une certaine gauche américaine mais un personnage toujours insaisissable et imprévisible. Il disait de la politique « l’aile gauche, l’aile droite ou l’aile de poulet, c’est tout pareil pour moi ».

Il enregistre pour RCA Victor puis pour Folkways, un petit label de musiques traditionnelles dirigé par Moses ASH.

C’est aussi l’époque où il rencontre Pete SEEGER, chanteur collecteur animateur du répertoire folk avec qui il collaborera dans plusieurs formations dont les Almanach singersqui chantaient pour toutes les « bonnes causes » toujours proches du parti communiste puis les Weavers dont Woody était le compositeur d’une bonne partie du répertoire ce qui peu à peu posa problème dans l’équilibre du groupe.

Cette popularité lui permit peu à peu de faire venir Mary et les trois enfants à New York.

 

​

Les chansons de barrage

 

En 1941, par l’intermédiaire d’Alan LOMAX, Woody reçoit la proposition d’illustrer par ses chansons des films réalisés en Oregon par l’administration américaine pour vanter la construction des grands barrages du nord ouest américain. Il est embauché sur un « cdd » d’un mois car son statut de « gauchiste » pose un problème à cette administration. Il compose 26chansons parmi ses plus grands succès ( « pastures of plenty », « grand coulee dam », «  the biggest thing that man has done »).

Après avoir ramené sa famille au Texas, il repart à New York où il espère refaire de la radio mais il est en désaccord sur la nature du programme avec les producteurs, et claque la porte.

Ses vagabondages permanents et son engagement radical finissent à achever son union avec Mary dont Woody ne s’est jamais vraiment occupé ainsi que de leurs 3 enfants qui connaîtront tous une fin tragique.

A New York, il va rencontrer Marjorie MAZIA, une danseuse contemporaine de la compagnie Marthe GRAHAM qui deviendra en 1945 sa deuxième épouse. Ils auront quatre enfants dont Arlo qui reprit le flambeau de la chanson à la mort de son père.

 

Les temps changent

 

En Europe la situation a évolué. La deuxième guerre mondiale a commencé et si les américains ont été long à s’y engager, l’invasion de la Russie (URSS) par Hitler, cassant ainsi le pacte avec Staline et « libérant » l’esprit de la gauche américaine et l’épisode Pearl Harbour ont mis le feu aux poudres. GUTHRIE inscrit sur sa guitare la célèbre inscription « Cette machine tue les fascistes » et décide de s’engager, alors qu’il n’y était pas obligé, avec Cisco HOUSTON et Jimmy LONGHI. 

Il compose des chansons telles « Reuben James », l’histoire d’un bateau coulé. Il est aux première loges dans la marine marchande, proie facile des sous marins allemands, pour voir ce genre de spectacle qui faillit une ou deux fois lui coûter la vie. Il partira deux fois vers les cotes européennes et d’afrique du nord découvrant avec stupeur, lors de ces voyages, la ségrégation sur les navires américains.

En 1943, il publie un roman auto-biographique intitulé « En route pour la gloire » traduit bien plus tard en français par Jacques VASSAL.

​

L’après guerre

 

Démobilisé, il se marrie en 1946 avec Marjorie. Il compose de nombreuses chansons pour enfants, un coté peu connu de GUTHRIE mais très talentueux. Talentueux il l’est aussi dans les dessins au caractère naïf et très expressif qu’il fait en permanence. Lorsqu’il n’avait pas de quoi vivre plus jeune, il peignait pour les commerçants des enseignes pour gagner sa vie à l’occasion. 

Auteur compositeur, écrivain en devenir, dessinateur, homme de radio, vagabond Woody GUTHRIE semble commencer à trouver la paix sur l’ile de Coney Island en face de New York, lorsqu’une tragédie le frappe à nouveau. Sa petit fille Cathy âgée de 4 ans meurt brulée en l’espace de quelques minutes dans un accident domestique.

C’est aussi dans ces années là qu’il manifeste les premiers symptômes de la Chorée de Huntington. Il est irascible, violent avec sa femme et ses enfants, et très instable. 

Il repart en Californie avec Ramblin Jack Elliot et les rapports s’espacent avec Marjorie attentive à l’éducation des enfants.

​

Les dernières années et la fin

 

A partir des années 50 l’Amérique vit sous le Mac Carthisme et la chasse aux sorcières de gauche et plus particulièrement communiste. Charlie CHAPLIN devra quitter les Etats Unis, Pete SEEGER subira pendant 17 ans une censure sans merci, beaucoup d’artistes sont touchés. 

A cette époque GUTHRIE est déjà très touché par la maladie qui ne sera diagnostiquée qu’en 1954. Lors de son voyage en Californie il rencontre Anneke VAN KIRK qui deviendra sa troisième femme et dont il aura deux enfants disparus aussi dans des conditions tragiques. Lors d’un séjour en Floride il se brûle le bras droit ce qui l’empêchera désormais de jouer de la guitare.

Entre skyzophrénie et alcool, violence et pulsions sexuelles, il se retrouve seul, Anneke partieet est interné à l’hopital psychiatrique de Greystone.

Marjorie, sa famille, ses amis lui rendront visite, y compris le jeune Dylan pendant ces années d’hospitalisation où Woody n’est plus que l’ombre de lui-même.

Il meurt le 3 octobre 1963 et ses cendres sont dispersées à Coney Island.

Même si les années 50 avaient été marquées par l’éclosion du rock, les années fun après la guerre et si le folk était passé au second plan, déjà une jeune génération d’auteurs-compositeurs, tels Bob DYLAN, Joan BAEZ, Phil OCHS, Tom PAXTON et bien d’autres par delà les frontières et les années (Bruce SPRINGSTEENN, Billy BRAGG..) avait repris le flambeau toujours allumé à ce jour et notamment lors de l’anniversaire des 100 ans de la naissance du chanteur en 2012.

Woody GUTHRIE laisse une empreinte indélébile et sans pareille par delà le poids des ans, pour tout artiste qui se pose un jour la question de sa citoyenneté et de son rôle social dans la société.

Rail cto o.png
wooden-house.jpg
okies_san_diego1.jpg
Repas hobo.png
Guthrie sings eff.png
Just a hobbo.png
WG-on-the-road.jpg
Titre 2 this machine sep.jpg
Festival Okemah.png
bottom of page